Hisoire de Gourvillette
1. Origine étymologique
Tout le monde s’accorde sur le fait que "villette" signifie "petite ville", en revanche l'étymologie de "gour" reste à démontrer.
"Gou" pourrait signifier dans la langue celte "étendue d'eau" ; à Gourvillette, il y aurait eu des eaux jaillissantes formant un petit golfe.
"Gou" signifie en patois "étang créé par une source abondante".
D'autres verraient plutôt un "gourd" ou "gour"(héritier du latin Gurges) qui signifie "gouffre, abîme, soit "trou poissonneux dans le lit d'une rivière."
La troisième possibilité serait d’origine latine, "Gothorum villa", c'est-à-dire domaine, puis village des Goths. Il s'agirait d'un souvenir de la période d'occupation des Wisigoths, chassés par Clovis au sixième siècle.
2. Gourvillette de la seigneurie médiévale à la période prérévolutionnaire
L'origine de Gourvillette pourrait donc venir de Gothorum, villa ou village des Goths. Aucun cimetière n'a été découvert mais il existe de fortes suppositions sur un village Wisigoth à cet endroit, entre 418 et 507 environ. Cette date correspond au moment où Clovis, roi des Francs, chassa les Wisigoths hors de la région avec l'appui des évêques.
Vers 1069, Pierre, seigneur de Gourvillette et Arsende, sa femme, font donation à l'abbé Eudes du monastère de Saint-Jean-d'Angély, de la moitié de l'église de Gourvillette et de son domaine. Cette église a été détruite et celle que l'on connaît actuellement a été construite entre 1250 et 1251.
En 1298, un certain Girauld du Breuil, écuyer, semble être le seigneur de Gourvillette. Son domaine était le fief de Traversay qui jouxtait la commanderie de Beauvais. Un papier sensaire de la Commanderie de Beauvais daté d'environ 1600, mentionne un Jehan de la Grève, seigneur de Traversay, paroisse de Gourvillette, époux de Damoiselle Françoise du Breuil.
Les du Breuil sont donc demeurés seigneurs de Gourvillette de1298 à 1600. En 1534, le prieuré de Gourvillette devient une annexe du prieuré de Marestay et s'unit è celui-ci.
Au 16e siècle, le prieur de Marestay devient seigneur de Gourvillette. En 1789, le fief de Traversay passe entre les mains d'un bourgeois enrichi, Monsieur François de Bourdeaux, marchand à Cressé.
A la même époque, Gourvillette a un autre seigneur laïc, bien mieux doté. Il s'agit du propriétaire du logis de Bellevue et de son domaine.
Gourvillette compte ainsi en 1789 plusieurs grandes propriétés : la plus importante appartenant à la famille Merveilleux.
3. Gourvillette de la Révolution à nos jours
A la Révolution, avec la vente de biens nationaux, les paysans agrandissent leur propriété en se portant acquéreur de nouvelles terres. Les terres du logis des Merveilleux sont vendues.
On commence à planter de la vigne et en dix ans les deux tiers des terres produisent du vin. Les vieux cépages sont remplacés par du "Folle-Balzac" et du "Saint-Emilion" et le vignoble devient la seule culture.
Petit à petit, les habitants s’enrichissent grâce à la distillation et en 1850, chaque vigneron a son alambic. En 1870, sur 800 hectares que comprend la commune, il y en a 500 plantés de vignes. On fait venir des domestiques que l’on forme aux métiers de la vigne. On en compte au moins 50, presque tous des environs de Ruffec.
En 1865, à Gourvillette, six milles barriques de vin sont récoltées. Le prix de l'hectolitre est d'environ 150 francs en 1860 mais il baisse de moitié de 1870 à 1874. A cette date, Gourvillette voit arriver le phylloxéra, ce qui engendre une augmentation du prix de 1000 pour cent. Le phylloxéra ravage toutes les vignes et ruine les espoirs et la vie des gens. La vigne est alors arrachée et remplacée par quelques céréales.
De 1878 à 1900, les viticulteurs ne savent plus que faire de leur terre. Cependant, les habitants ne se laissent pas abattre. Ils sèment du sainfoin, de la luzerne et des céréales de toutes sortes. Ils cultivent de la betterave fourragère et du chou à grande échelle, et augmentent le cheptel existant.
En 1900, l'invasion des sauterelles ravagent les récoltes de luzerne, haricots, betteraves, carottes, oignons, et maïs.
On essaye de les détruire en mettant le feu à la paille mais cette méthode s'avère sans résultat. A l'automne, ces insectes disparaissent d'eux-même mais les habitants craignent la résurgence du problème au printemps suivant, en raison des nombreux oeufs nichés dans les haies, dans les bois et même dans les champs.
Dès le début de l'année 1901, il fait chaud et tout le territoire de la commune est recouvert d'une quantité considérable de criquets noirs. Bien plus nombreux, ils font bien plus de mal aux récoltes que l'année précédente. Gourvillette échappe alors de justesse à la famine. Autre phénomène, la grêle. Entre 1860 et 1930, la grêle ravage huit fois les récoltes. Enfin, en 1902, Gourvillette est envahie par les campagnols, sources de ravages des récoltes. Grâce à l'hiver froid et pluvieux, avec d'abondantes chutes de neige, les campagnols sont noyés.
4. Evolution urbaine
Les premières maisons du bourg furent édifiées sans doute vers l'an 1150. On sait qu'elles étaient bâties en petits groupes, bien avant la construction de l'église, monument construit entre 1250 et 1251.
Le commerce permit aux villageois de gagner quelques écus afin de construire leur habitation et d’acheter quelques terres.
Les serfs construisirent leurs logements un peu à l'écart, à différents points du village actuel.
Toutes ces constructions étaient édifiées avec des pierres provenant des carrières des Chênes et des Rochelais. Les murs de ces constructions sont très épais et de couleur rouge grenat ce qui témoigne de leur ancienneté.
Deux hameaux étaient rattachés à Gourvillette. L'un au sud s'appelait le village de Villairet, è 1 kilomètre environ du bourg ; l'autre était connu sous le nom de "Harclan", il était situé è l'est de la prairie qui porte toujours son nom, à 1800 mètres du bourg. Ces deux villages ont disparu, et ce avant 1840 puisqu'ils ne figurent pas sur les plans cadastraux napoléoniens de 1840.
La comparaison entre le cadastre napoléonien et le cadastre actuel permet de mettre en exergue les transformations urbaines de Gourvillette au fil des siècles : Comme précisé plus haut, les premières maisons du bourg furent édifiées vers l'an 1150, bien avant la construction de l'église datant de 1250. Aussi, le noyau urbain originel de Gourvillette s'est-il déployé selon l'armature du réseau viaire et non pas aux abords de l'église. Le cadastre napoléonien en date de 1840 met bien en lumière le vide urbain aux environs de l'église.
Les constructions urbaines de Gourvillette se sont notamment développées aux abords de l'intersection entre les deux voiries principales qui traversent le bourg verticalement et horizontalement (respectivement aujourd'hui les routes départementales 224 et 226). En 1840, comme indiqué sur le cadastre napoléonien ci-contre, trois îlots urbains en forme de triangles se sont constitués autour du carrefour viaire central : un îlot situé entre la rue de la Croix et la rue du Château d'Eau ; un autre entre la rue du Château d'Eau et la rue de la Fontaine et un troisième entre la rue de la Croix et la rue de l'Ancienne Bascule. L'armature urbaine générale de Gourvillette est demeurée la même entre 1840 et aujourd'hui. On observe cependant une forte densification des îlots rayonnant autour des trois îlots d'origine décrits ci-dessus.
Aujourd'hui, la physionomie du bourg de Gourvillette permet de l'identifier comme un village réticulaire, c'est à dire caractérisé par des îlots organisés de façon orthonormée, une structure bâtie dense accentuée par la continuité des constructions sur les rues et un parcellaire organique complexe mais organisé.
Les îlots urbains de Gourvillette regroupent à la fois des petites et des grandes unités foncières imbriquées. Leur forte densité laisse peu de place aux jardins et potagers. Les îlots sont marqués par un bâti à l'alignement : les maisons et bâtiments forment un front continu sur le domaine public relayé par des murs de clos qui referment l'espace privatif. L'évolution urbaine de Gourvillette doit être envisagée à l'échelle de la commune : au fil des siècles, l'urbanisation s'est développée à proximité de l'unité urbaine déjà existante, située è l'intersection et le long des deux axes viaires principaux (D224 et D226). Cette densification au sein et en bordure du tissu urbain existant a permis de consolider l'armature territoriale originelle de Gourvillette et a contribué à préserver un cadre de vie basé sur une qualité paysagère et architecturale indéniable.
L'histoire de la commune de Gourvillette constitue donc un héritage d'une grande qualité, avec notamment une organisation urbaine particulièrement préservée jusqu'à aujourd'hui.
Texte tiré du PLU 2014